Anémone moudt (première histoire écrite par téléphone)
Anémone se promène, dans son salon, en grande chemise grand-père. Il y a longtemps qu’elle ne l’a plus portée.
Elle a enfilé ses grosses chaussettes norvégiennes. Le temps de ce mois de juin est vraiment pourri.
Elle prend un Mary Higgins Clark. Tout d’un blog, elle le réserve pour ses vacances, au bord de la piscine.
Près d’elle, elle pose sa tasse de café et des pistaches. Son petit monde est prêt.
Elle se jette dans le fauteuil, se cale entre les coussins et s’emmitoufle du plaid. L’équivalent du doudou de son enfance.
Bien vautrée, elle se plonge dans l’intrigue. Elle « moudt* » bien, agréablement.
* Moudt du verbe moudre : « jouer au mollusque ».
Quand elle commence, l’heure tourne. Elle lit très vite. Elle passe trois pages, évince deux chapitres.
A dix pages de la fin, Sa copine téléphone. Zut où ai-je mis le G ?
Du fond de la poche de sa veste, la copine persiste. Elle peste mais décroche. C’est du vécu.
D’une oreille distraite, elle écoute les galères de son amie. Et dire qu’elle est à quelques pages de découvrir le nœud du drame.
Dépassée par les galères, Anémone ne peut que lui proposer quelques pistaches, un coin douillet pour s’évader quelques minutes du temps réel. Viens je te prête un Mary.
Rien ne sert d’être moud seul, mieux vaut "moudre" à deux.